Nos engagements en cohérence avec l’histoire de la médecine
Médecine
La Médecine
Du latin, medicina, qui signifie “art de guérir, remède, potion”, la médecine est un art. L’art de prévenir et de soigner les maladies de l'homme. Au 1er siècle av JC, le médecin grec Galien la définit comme l'art de conserver la santé présente et de rétablir celle qui est altérée. La médecine est également une science qui a pour objet la conservation et le rétablissement de la santé. Autour du XVIIème siècle elle désigne, «l’ensemble des sciences médicales, c’est-à-dire à la fois l’anatomie, la physiologie, la pathologie et l’art de guérir » (Andrault, La raison des corps, 2010 ; p.14).
La médecine sera perçue dans sa double dimension, une science et un art qui, ensemble, tendent vers un objectif commun : celui de rétablir la santé.
La Médecine intégrative
La médecine intégrative est une philosophie du soin pour favoriser l’accompagnement physique, psychique, émotionnel, spirituel, social des individus en relation avec l’environnement (Hahn EG, 2021, Weil A 2000, Einsenberg et al, 2016, Holmberg et al, 2012).
En France, de nombreuses initiatives voient le jour. Le CUMIC (Collège Universitaire de Médecine Intégrative et Complémentaire) la définit comme
« l’association des médecines conventionnelles et complémentaires dans une approche scientifique validée, centrée sur le patient avec une vision pluridisciplinaire ». La réflexion sur l'intégration d’enseignements dédiés à la médecine intégrative a débuté autour des années 2000 (Brami et al., 2014; Neal, 2001; Pelissier-Simard, 2008) et est apparue officiellement à l'université de médecine de Montréal depuis 2015. En France, elle s’intègre pas à pas à l'université pour les jeunes soignants depuis la mise en place de la réforme du deuxième cycle médical soit depuis l’année universitaire 2021-2022.
Nous considerons souvent deux niveaux d’intégration en médecine intégrative : celui qui consiste à combiner la médecine conventionnelle et non conventionnelle d’une part, et celui qui consiste à considérer le patient – la personne – dans sa globalité biopsychosociale d’autre part (Petitjean et al. 2023).
Elle peut aujourd’hui aussi être comprise comme une médecine des 7 P (personnalisée, préventive, prédictive, participative, pertinente, pluri-disciplinaire, planétaires). Elle inclut, dans les manières de soigner, des Praticiens et/ou des Pratiques de santé issues des médecines traditionnelles et des thérapies complémentaires telles qu’elles sont définies par l’Organisation Mondiale de la Santé.
Interdépendances et Care
À travers l'émergence du nouveau domaine scientifique qu'est la santé planétaire, la médecine s'est vue ajouter deux dimensions supplémentaires, à une échelle collective : la notion de One Health - une seule santé à l'interface de tous les écosystèmes - et le concept de limites planétaires - vivre dans un habitat aux ressources finies (one health, gouv 2022).
En effet, nous sommes, en tant qu’êtres vivants, le fruit “d'inextricables pelotes d’interdépendances” comme le disent Pablo Servigne et Gauthier Chapelle dans leur livre "L'entraide, l'autre loi de la jungle".
"Si la permaculture est une manière consciente de concevoir des écosystèmes vivants, durables et résilients. Par analogie, prendre soin de l’humain, passerait par créer des conditions favorables pour que chacun puisse se respecter, respecter son propre rythme" (extrait du Mooc - Médecine et méditation, éloge du care?).
Ainsi concevoir une écologie du soin implique de remettre en résonance l’individu soignant, les patients, les institutions comme lieux de soin et les différents acteur·ices du système (Rosa Hartmut, 2018). Il s’agit de considérer nos interdépendances pour une écologie du soin qui engage la durabilité des interactions humaines (Cerf, 2019 ; Machalaba et al, 2021).
Nous souhaitons ajouter à cette notion de durabilité, la dimension du “care” au modèle de Jonas W, au-delà du self-care pour reconsidérer les nouveaux espaces soignants. “Si la première étape du soin est de reconnaître un besoin, permettre son application est un élément du care” décrit Tronto (Tronto, J, un monde vulnérable, 2009). Si nous comprenons la place du care dans la relation soignant-soigné, alors elle se pense également en termes de care individuel et institutionnel pour favoriser un espace de soin, d’apprentissage et de relation favorable à l'émergence d’une médecine écologique, sensible et vivante. Tronto souligne que plus le care aura une place visible, institutionnalisée ou reconnue dans la société, plus l’attention de tous aux besoins des uns des autres sera favorisée, comme par un cercle vertueux.
Poésie
La poésie pourrait nourrir la part sensible de nos vulnérabilités (Gourio A 2020). La poésie révèle « l’unité qui demeure en tout » (Dante Alighieri, la divine comédie). La poésie nous porte. La poésie est créative de part ses racines étymologiques : poiêsis « action de faire, création » (Cnrtl). Horace a défini la poésie comme une « peinture parlante ». La poésie peut aider à explorer et à comprendre les émotions humaines (Carole Tugon, 2004). En ce sens, peut-être que la médecine occidentale a aujourd’hui besoin de poésie pour retrouver le sens et la manière de créer. En tout cas, il s'agira d’une exploration proposée par Mû.
Muer ensemble vers une Santé Intégrative,
Selon la définition de la santé donnée par Svalastog et al. (2017), "la santé est un état relatif dans lequel on est capable de bien fonctionner physiquement, mentalement, socialement et spirituellement pour exprimer la gamme complète de ses potentialités uniques dans l'environnement dans lequel on vit".
L’enjeu d’une culture du soin intégratif va au-delà de la médecine.
Dès lors, la médecine et la santé intégrative ouvrent ensemble un espace de recherche et d’action qui se situe au carrefour de la médecine et de plusieurs sciences.
" Habiter poétiquement le monde
Ou habiter humainement le monde,
Au fond, c’est la même chose. "
Christian Bobin,
le plâtrier siffleur